dimanche 25 mai 2014

Les clous, le coffrage et le mortier

Nous avons entamé l'ère du mortier et on peut d'ors et déjà dire que ça va durer looongtemps ...

En quelques mots, le mortier GREB est un mortier allégé constitué de sciure, de sable, de chaux et de ciment. Il est coulé entre un coffrage temporaire vissé sur les montants de l'ossature et les ballots de paille (environ 4 cm d'épaisseur). Il a un rôle de contreventement et enferme la paille dans une sorte de sarcophage.

La recette du mortier GREB



  • 4 volumes de sciure
  • 3 volumes de sable
  • 1 volume de chaux aérienne
  • 1 volume de ciment
  • environ 3 volumes d'eau

Avec un volume=un seau de 11L, ça rentre dans notre bébé bétonnière de 160L
 

Mais avant de faire tourner la bétonnière, il s'agit de "préparer" le coulage en bouchant les trous entre les bottes de paille s'il y en a et en enfonçant de moitié des clous de 65mm tous les 10 cm dans les montants de l'ossature et sur la lisse pour assurer la liaison mortier/bois.

 

Les clous


On a investi dans un cloueur électrique qui nous a été bien utile pour fixer les voliges avec les quelques milliers de clous y afférent. Mais pour utiliser le cloueur dans notre cas précis et faire que les clous ne s'enfoncent que de moitié, il faut ruser : on a ajouté un embout (quelques centimètres d'une barre métallique creuse) que l'on fixe au cloueur en le scotchant sur l'embout plastique de protection du bout du cloueur.
 

On a dû faire quelques essais pour déterminer la bonne dimension de l'embout avec le cloueur réglé à la puissance minimum.


Les coffrages

 

On a testé, pour comparer, plusieurs types de coffrages :
  • des plaques d'OSB de 250*67,5 d'épaisseur 15mm
  • des planches de coffrage 22mm de largeurs variables
Dans le garage, où nous avons décidé de monter la paille rang par rang (technique du GREB traditionnelle) et de couler au fur et à mesure, on utilise les plaques d'OSB. Pour les murs de paille déjà montés, on utilise les planches de coffrage auquel cas, on monte et on coule planche par planche (donc environ 20cm par 20 cm). Tous les coffrages sont fixés avec des vis 5*50 avec rondelle.




A la bétonnière

 

On a ressorti le déversoir et on remplit les coffrages au seau. Après quelques bétonnières et quelques recherches sur le net, on a modifié et adopté un ordre de remplissage de la bétonnière qui permet d'obtenir un bon mélange. Le mot d'ordre c'est la sciure en dernier car elle est très agglomérante. On met d'abord 2 seaux d'eau puis le ciment, le sable et la chaux et enfin la sciure. On ajoute un peu d'eau pour avoir la consistance voulue. Et on déverse !




Au coulage



Du coup, selon la configuration, mur de paille déjà monté ou non, les moyens ne sont pas les mêmes. Et ça varie encore selon que l'on est 2 ou 4 ou plus (4 c'est bien, 1 ça doit être galère...).

Avec des murs déjà montés, il faut une plaque de plastique derrière le coffrage contre la paille pour faciliter la descente du mortier et une autre qui fait office de déversoir pour verser le contenu du seau. On agite aussi ces plaques en espérant que le mortier s'installe bien partout dans le coffrage : les clous sont l'endroit favoris des bouchons de mortier ... Enfin, on tapote au marteau pour "vibrer" le mortier et limiter les bulles d'air.
Déjà il faut être deux, un qui tient la plaque déversoir et l'autre qui verse le mortier au seau. Ensuite, si l'on est QUE deux, il faut faire attention à ne pas décentrer la botte de paille en ne coulant le mortier que d'un côté (on a testé pour vous, dans la configuration du garage avec une seule rangée de botte de paille, on n'a versé le mortier que d'un côté et le mortier a poussé la botte de paille, il ne restait que 2cm de l'autre côté !), on place donc, de l'autre côté de la botte, la plaque de plastique contre la paille puis des tasseaux pour conserver l'espace de 4cm environ entre la botte et le coffrage (la plaque évite de faire tomber trop de brins de paille au fond du coffrage en enfonçant les tasseaux) .



Lorsqu'on monte les bottes rang par rang et que l'on coule au fur et à mesure, l'opération de coulage est quand même bien plus simple. On se met un de chaque côté du mur, on met des plaques de plastique de chaque côté de la botte, derrière les clous et on verse demi-seau par demi-seau d'un côté puis de l'autre.



On aime bien la technique avec 2 petites plaques de plastique (30cm de largeur environ) à moduler selon la largeur entre les poteaux. Ça permet de toujours avoir un bout de la plaque derrière les clous, ça limite les surprises au décoffrage ...

Quelque soit la technique, il faut bien penser à retirer les plaques de plastique au fur et à mesure que l'on remplit le coffrage : plus la plaque est enfoncée dans le mortier plus elle est difficile à remonter.


Le décoffrage


C'est là qu'on croise les doigts pour que ça ne soit pas trop moche. Bon, on n'a pas encore réussi à obtenir un coffrage complet (2,5m) parfait. Mais il reste facile de boucher les trous à la truelle avec un reste de mortier.



  
Après décoffrage, on gratte les planches/plaques avec un grattoir et/ou une truelle pour enlever le mortier resté collé et on gratte le surplus de mortier qui a pu se glisser sur les montants de l'ossature.

Premiers constats


Le coffrage avec des planches de coffrage demande plus de manipulation et plus de vissage/dévissage que le coffrage OSB. Or, plus on prend de temps pour couler, plus le mortier prêt à couler durcit et perd sa consistance de pâte à crêpe ; il faut donc rajouter un peu d'eau et re-mélanger à la truelle avant de couler ...
Nos planches de coffrage (22mm) ont tendance à tuiler ce qui fait qu'on les retourne à chaque re-coffrage. 
L'intérêt du coffrage planche par planche c'est qu'on a quasiment pas eu besoin de faire de retouche sur le mortier. 
Du coup, on a également testé le coffrage sur mur de paille déjà monté avec une plaque d'OSB avec un mortier bien liquide d'une consistance pas très loin d'une pâte à crêpe (ou gaufre, ou pancake...). Les gros coffrages sont plutôt réussis. 





Le soir venu, on protège le mur nord-ouest avec une bâche d'ensilage (la même que pour le toit) parce que la météo prévoit de la pluie et on re-bâche la sciure (encore un bout de la même bâche !) parce que la météo prévoit du vent.


En attendant, on termine de préparer la prochaine session coulage de mortier. On a monté la seconde rangée de bottes dans le garage, cloué, posé quelques bouchons de paille et coffré.




En passant, nous avons un nouvel habitant, des petites tourterelles en perspective ? Et le chat dort en dessous sans broncher ...



Avant de couler le second rang de paille du garage, on a commencé à mettre en place les gaines électriques pour quelques prises et appareils. Ça fera l'objet d'un prochain article.

Merci à Sandra, Frank et bébé Sandra-et-Frank pour avoir enrichi nos tests comparatifs avec la variable "Nombre de personnes". A 4 c'est quand même beaucoup plus agréable ;-). 



mercredi 21 mai 2014

Pour quelques bottes de plus ...


La maison s'emplit inexorablement de paille ... dans les murs et partout autour d'ailleurs.

Petit à petit, nous expérimentons diverses techniques et oui il faut faire ses propres expériences quitte à changer de techniques plusieurs fois avant de trouver celle qui convient le mieux.


Voici quelques unes des techniques ou "trucs" mis en œuvre pour remplir les murs de bottes de paille. 

1 - Bien penser à "nettoyer" les bottes pour éliminer les boursouflures et rendre la botte bien droite sur tous les côtés
2 - Ne pas hésiter à dévisser et déplacer un poteau de l'ossature quand on constate qu'on ne peut pas faire entrer la botte dans le mur, ça évitera les efforts inutiles
3 - Pour tasser légèrement et horizontalement les bottes de paille, on choisit de terminer une portion de mur par une botte plus longue que ce que nous dit le mètre de 5 à 15 cm. Ça c'est vrai pour les murs sans ébrasement, on a constaté que pour les murs avec ébrasement, il était difficile de faire entrer plus que la (plus grande) longueur exacte ...


4 - Pour tasser verticalement et assurer la bonne jointure des bottes, rien de mieux que de monter dans le mur et de sauter sur les bottes, au moins tant qu'on est pas trop haut dans les murs


5 - A chaque ouverture, on ajoute des petits tasseaux pour maintenir la paille à l'intérieur des murs et éviter qu'elle ne déborde lorsqu'on montera le rang suivant, il ne faut cependant pas trop tasser pour éviter de déformer les montants



6 - Les pignons et les colonnes des pignons, c'est toute une histoire surtout quand on n'a pas encore trouvé "la technique", on force avec des sangles, avec le dos en poussant sur les jambes, avec la tête ou tout ce qu'on veut. Comme on a ajouté des plaques d'OSB dans les colonnes pour les rigidifier avant la pose des pannes, ça frotte beaucoup. Déjà, il faut penser à ne pas monter trop haut les bottes dans le mur pour laisser suffisamment d'espace pour placer les bottes dans les colonnes par le dessous. Ensuite, et c'est l'expérience douloureuse du premier pignon qui nous le dit, il nous a fallu prendre le temps de passer un coup de tronçonneuse pour légèrement raccourcir les brins de paille sur le chant de la botte. On a également fait le choix, dans un second temps, de ne travailler qu'avec des demi-bottes pour faciliter la manutention.   


On a monté, pour la partie habitable, 5 rangées de bottes ce qui nous amène aux linteaux des portes et fenêtres. On s'arrête ici pour le moment et on attend d'avoir coulé le mortier pour continuer. 

Merci à Seb, Claire, Guillaume et la petite Cassandre pour avoir essuyé avec nous les plâtres de nos premières expériences de paille dans les pignons !




Pour se faire un avis sur le choix de monter toutes (ou presque) les bottes de paille et ensuite couler le mortier qui n'est pas l'ordre des choses préconisé par la technique du GREB, nous avons décidé de tester ces deux manières de faire. Nous allons ainsi monter les bottes de paille et couler le mortier rang par rang  pour le garage ...
On vous donnera notre point de vue.

jeudi 8 mai 2014

Les 517 bottes

Ca y est, nous avons reçu les bottes de pailles ! Les 517 bottes que notre fournisseur avait dans son entrepôt ont été livrées en deux voyages.
Il est important de faire en sorte que les bottes ne soient pas stockées à même le sol. Pour cela nous avons utilisé ce qu'on avait sous la main, des chevrons et des planches de coffrage.


 Grâce à une super équipe motivée, en deux heure nous avons rentré les deux voyages


Après un délicieux repas préparé par Barbara, nous avons commencé à mettre les premières bottes dans les murs. Nous avons choisi de mettre du liège en vrac entre les lisses basses pour éviter ce pont thermique (ce n'est pas toujours très pratique, le liège ayant tendance à bouger en même temps de les bottes que l'on glisse dessus).


Les premières bottes sont rapidement mises en place, toujours sont la supervision avisée du chat.


Ci-dessous quelques petits détails :
  • Un (bébé)"persuadeur" pour tasser la paille en tapant
  • Les feuillards métalliques entre chaque bottes (http://www.leboutte.be/catalogue_fr_quincaillerie_connecteur_plat-perfore_plat-en-rouleau_plat-galvanise-perfore.html - Nous avons pris les rouleaux de 25m en 19mm)
  • Le petit dérouleur à ficelle avec un tor métallique



A la fin de la journée nous sommes montés aux linteaux sur une quinzaine de mètres de mur. Nous avons choisi de mettre d'abord la paille, ceci n'est pas préconisé par la méthode GREB traditionelle. Nous avons fait ce choix parce que ça nous semble plus simple à gérer : une chose à la fois... Il suffit de monter les bottes de paille suffisamment haut pour éviter que la pluie pénètre par le dessus. Pour les ébrasements des ouvertures, nous avons vissé des chutes pour retenir la paille, nous y ferons les finitions avant de couler le mortier.
 



Un immense merci à Manon, Barbara, Ophélie, Ana, Seb et Manu pour cette super journée pleine d’énergie et de bonne humeur !

Voici une liste de petites choses annexes.
Pour ranger les chutes de bois et ne pas en avoir partout, une palette, des chevrons et quelques planches et voila:


Pour stocker la sciure, on peut la benner sur une bâche (disparue ici :-)) et l'arroser afin de créer une croûte qui l’empêchera de s'envoler avec le vent.


Afin de protéger notre pare-pluie des UV et ne pas avoir à s’inquiéter du temps que l'on mettra à finir les murs, nous avons mis de la bâche d’ensilage sur le toit. Nous avons coupé deux morceaux de 12m*10m pour simplifier la mise en oeuvre. Il faut le faire avec le moins de vent possible car la bâche devient très facilement un immense parachute.
Pour la poser, nous avons partiellement déroulé la bâche et l'avons tout d'abord fixée aux pignons extérieurs avec des liteaux. Ensuite nous la déroulons en entier et fixons à l'autre extrémité de la même manière. Puis nous vissons un liteau tous les deux chevrons. Nous vous dirons si c'est suffisant et si ça tient avec le vent. Les liteaux utilisés sont ceux qui serviront pour poser les tuiles (section 27*40mm).


On a déjà constaté que sous l'effet du soleil, la bâche a tendance à se dilater et à gonfler entre les liteaux...




Allez fini de se prélasser sur notre trône de paille, il faut maintenant tout mettre dans les murs !