Présentation du projet

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur notre blog !

Notre projet consiste en la construction d'une maison à ossature bois et isolation des murs en bottes de paille selon la technique du GREB. En quelques mots, cette technique a été développée dans les années 90 au Canada et consiste à construire une double ossature légère en bois pour y installer les ballots de paille enrobés d'un mortier allégé à la sciure de bois et coulé. L’ensemble est complété par un enduit final à la chaux (ou un bardage bois, mais ce ne sera pas le cas chez nous). Cette technique est promue en France par l'association "Approche Paille". Elle est relativement simple à mettre en œuvre, plutôt ludique :-) et éprouvée.  
L'image ci-dessous décrit bien la technique (tirée de la revue "La maison écologique"):


La maison

 

La maison est une Lauragaise typique de plain-pied. Elle mesure 19,5m de long pour 8m de large. La hauteur des murs est de 3m et 4,5m sous faîtage. La surface habitable est d'environ 118m² et le garage 20m². Avec le porche et les débords de toit la surface projetée au sol est d'environ 220m². Elle devait ressembler à ça :



  Elle ressemble aujourd'hui à ça :


Nous avons tenté, pour ce projet, de suivre une démarche écologique cohérente. Nous voulions construire une maison économe en énergie non renouvelable mais également une maison dont la construction emploie des matériaux sains, peu transformés, locaux et renouvelables autant que possible. 

Le chantier a été réalisé en auto-construction. Seuls le terrassement, la charpente, la zinguerie, la pieuvre électrique et une partie des enduits ont été réalisés par des professionnels. Nous estimions le temps de réalisation à 3 ans. C'est pourquoi nous avons choisi d'installer un mobil-home le temps du chantier afin d’être sur place,  de faciliter la réalisation des travaux et d’économiser un loyer. Nous sommes rentré dans la maison après 2 ans de travaux. Nous avons mis 3 années supplémentaires pour terminer les travaux, soit 5 ans en tout.

L’aspect bioclimatique

Nous avons souhaité apporter une dimension bioclimatique au projet, malgré les contraintes du permis de construire dans une zone Bâtiments de France.
La maison est conçue de façon à maximiser les ouvertures au sud afin d’optimiser la captation des calories solaires en hiver. Les ouvertures au nord, surfaces déperditives de calories, sont quant à elles minimisées. Les ouvertures sont ébrasées et les menuiseries sont positionnées sur le nu extérieur afin de favoriser le clair de jour.
La dalle de chaux sur hérisson de granulat de mousse de verre (système à forte inertie) sert de système de stockage restituant pendant la nuit les calories stockées la journée. En été, ce sol associé à des protections solaires (terrasse couverte, débord de toit, pergola, végétation) permet de garder la maison fraîche.
La forme globale de la maison est simple et n’augmente pas inutilement les surfaces de mur.
Le garage-cellier sert de zone tampon au Nord Ouest. 



Les choix techniques

 


Nous avons choisi de réaliser des fondations en béton armé "classiques" et répondant aux recommandations relatives au hors-gel en sol argileux, à savoir fondations descendant à 80cm de profondeur à partir du sol minéral et semelles renforcées comme conseillé par les centrales à béton locales. Leur largeur de 60cm s’accorde à la largeur des murs nus de la construction (environ 45 cm) et assure une bonne assise et un bon ancrage dans le sol. Nous avions pensé dans un premier temps les réaliser en béton romain mais l'appréhension de la somme de travail à fournir nous a sérieusement refroidis.

Il s’agit d’un double muret constitué de trois rangées de parpaings assurant le support pour les lisses basses de l’ossature en bois. Le soubassement doit surélever l’habitation d’au moins 20cm au dessus du sol pour protéger les murs du rejaillissement de l’eau de pluie. Une arase en mortier de pierre-ponce viendra assurer la rupture de capillarité pour recevoir les lisses basses de l'ossature.

L’ossature de l’habitation a été réalisée selon la technique de construction du GREB introduite ci-avant. Ci-dessous une vue de notre ossature réalisée à l'aide du logiciel gratuit Google Sketchup.
Les plans complets ossature + charpente sont disponibles ici.




Nous avons consolidé nos quantités et nos choix de section de bois pour la charpente avec l'aide d'un charpentier de métier. Les fermes ont été taillées et posées par ses soins. L’ensemble du bois d’ossature et de charpente est en pin Douglas, espèce locale et naturellement résistante.


La couverture

La couverture est assez traditionnelle. Elle est constituée, de l'intérieur vers l'extérieur, d'un voligeage sur les chevrons, un film pare-pluie, un contre-lattage, un litellage et des tuiles double canal (12 au m²) aspect panaché foncé.
Les gouttières sont en zinc et demi rondes. 


Les bottes de paille placées dans l’ossature sont recouvertes d’un mortier, mélange de ciment, chaux aérienne, sable, sciure et eau, qui assure la protection des bottes de paille contre les agressions extérieures, joue le rôle de contreventement et renforce la solidité de l’ensemble de l’ouvrage. Ce mortier est coulé dans un coffrage au fur et à mesure de la pose des bottes.


L’isolation

L’isolation de l’habitat est assurée à différents niveaux :
  • en toiture, initialement par de la fibre de bois ou de la ouate de cellulose en vrac insufflée. Mais cette technique est longue en préparation de coffrage hermétiques pour l’insufflation. Nous optons finalement pour des panneaux semi-rigides de fibre de bois entre les pannes et les chevrons de la charpente. Voir la mise en œuvre.
Ces choix techniques ont été orientés par les ouvrages L’Isolation thermique  écologique, de J-P Oliva et Samuel Courgey, éd. terre vivante et La construction écologique, de J-C Mengoni, éd. terre vivante et par diverses discussions avec les responsables de magasin de matériaux écologiques.

L’étanchéité

L’étanchéité à l’air est ici assurée par les enduits terre intérieurs sur les murs, un frein-vapeur sous la toiture, des huisseries de qualité et des boîtiers d’encastrement étanches pour les prises électriques et interrupteurs positionnés sur les murs isolés.

L’étanchéité à l’eau est quant à elle assurée par des enduits à la chaux extérieurs et un pare-pluie sous la couverture.


Les menuiseries 

Les ouvertures extérieures sont souvent à l’origine de ponts thermiques. Leur choix et leur pose sont déterminant pour assurer la continuation de l’isolant et de l’étanchéité. Nous avons donc opté pour des menuiserie bois haut-de-gamme avec double vitrage. Nous avons effectué la pose nous même avec les conseils du vendeur.

Le chauffage et la ventilation

Un unique poêle de masse Alsamasse, situé dans la pièce à vivre de l’habitation, assure le chauffage de l’ensemble des pièces. Un puits canadien hydraulique couplé à une ventilation mécanique contrôlée à double-flux est prévu.
Ce système assure l’extraction de l’air vicié, l'insufflation de l’air neuf et la circulation de l’air tempéré dans la maison. En saison froide, l’air insufflé est préchauffé par le puits et l’air vicié extrait réduisant ainsi la perte de calories de l’air intérieur. En saison chaude, l'air insufflé est refroidi par le puits et n'est pas préchauffé par la VMC (un système de by-pass rejette directement l'air vicié extrait).


L'eau chaude

Le système de chauffe-eau devait initialement être un ballon solaire. Son installation étant complexe et les panneaux solaires potentiellement un soucis dans une zone classée aux bâtiments de France, nous avons finalement opté pour un chauffe-eau thermodynamique.

Nous souhaitions initialement réaliser le système électrique nous même, mais la complexité des normes et la sentence finale du CONSUEL nous a un peu fait peur.
Nous avons donc fait appel à un électricien pour réaliser le tableau et des pieuvres électriques que nous n'avions plus qu'à poser.


Celle-ci est réalisée en PER. Par mesure de précaution et d’accessibilité, les tuyaux d’alimentation en eau ne passent ni dans les murs en paille, ni dans la dalle, mais dans des espaces réservés dans les cloisons intérieures et dans les combles isolés. La plomberie a elle aussi été fournie sous forme de pieuvre prête à poser.

Les cloisons

Les cloisons sont réalisées pour une partie en terre-paille allégée. Il s'agit d'une ossature bois standard de 10cm de largeur dans laquelle est banché un mélange terre-paille très fibreux.
L'autre partie des cloisons est en panneau de fibre de bois et canisses. Ici c'est une ossature bois de 8cm de largeur dans laquelle sont insérés les panneaux de fibre de bois. Le tout est recouvert par des canisses agrafées sur les montants.

Les revêtements intérieurs

Les cloisons sont parées d'enduit terre ou de lambris, les plafonds de lambris, les murs porteurs d’un enduit terre, et le sol de terre cuite et d’un parquet dans les chambres. 


Le revêtement extérieur sont constitués d’un enduit chaux-sable traditionnel taloché en deux couches. Les pignons sont parés d'un bardage clair-voie en douglas.


La maison est équipée de toilettes sèches. Nous avons choisi le système d’assainissement mis au point par l’association Eau Vivante : la phyto-épuration. Ce procédé est courant dans les pays anglo-saxons.
Il consiste en une succession de bassins plantés (roseaux, joncs, typhas, iris), les bactéries vivant autour du système racinaire développé par les plantes transforment la matière organique contenue dans les eaux usées de façon à la rendre assimilable par ces plantes. Il s’agit du processus mis en œuvre dans les micro-stations ou les grosses stations d’épuration. Outre son efficacité, ce système présente un intérêt esthétique et économique.


Pour la mise en œuvre, nous faisons appel à PhytoEpur qui réalise l’étude et nous aide à mettre en place l'installation.


12 commentaires:

  1. allez c'est parti ! bon courage à vous deux et bonnes.......... vacances !! MAB

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  2. Vous êtes partis pour des vacances bien occupées. Bon courage à vous le travail semble énorme mais votre enthousiasme vous portera .MINICLA

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  3. Quel beau projet, félicitations à vous deux ! Avez-vous pensé à ouvrir le chantier aux personnes intéressées ? Bises

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  4. Salut Laetitia !
    Merci ! Et oui nous y avons pensé. Pour l'instant on s'installe. Mais nous allons sans doute faire une page dédiée à la participation sur le chantier. Pour la diffusion, on passera peut-être par l'association Approche-Paille (http://www.approchepaille.fr/).
    Bises

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  5. Bon courage à vous! Juste une info: le ciment ne doit JAMAIS être employé au niveau des murs. En effet les murs doivent ''respirer'' c'est à dire laisser l'humidité entrer ou sortir de la maison suivant l'équilibre hydrique. Le ciment agit, même en faible quantité, comme un élément d’étanchéité. Dans la mesure où vous utilisez la chaux aérienne, le meilleur liant pour ces échanges hydriques, ne pas faire de mélange avec du ciment. Mais ça je vous l'accorde ça va être dur de faire accepter à un maçon qui doit mettre du ciment pour une question de garantie décennale. Le Pont du Gard est toujours debout alors qu'il a été construit à la chaux aérienne! Le ciment gris n'était pas connu à l'époque. Gérard

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    1. Salut Gérard et bonne année !

      Merci pour ton commentaire. Tu mets le doigt pile là où ça fait mal :-) En effet l'utilisation du ciment est LE point controversé de la technique du GREB. Pour l'étanchéité, mais aussi pour son bilan énergétique. Beaucoup d’auto-constructeurs ont fait des essais de mortiers alternatifs sans ciment. Avec uniquement de la chaux ou du plâtre par exemple. Nous avons de notre coté choisi de l'utiliser (à hauteur de 10%) conformément aux règles professionnelles. Je peux donner quelques raisons.
      Le mortier GREB est composé de sciure de bois (environ 40%) et de chaux, ce qui le rend perspirant. De plus, les murs sont composés de bois sur environ 1/6 de leur surfaces (intérieures et extérieures), ce qui constitue un chemin privilégié pour les excès de vapeur d'eau.
      Le ciment permet une bonne vitesse de prise. Dans notre cas il permet de décoffrer le lendemain et ainsi de monter d'une rangée de coffrage par jour.
      Enfin le mortier GREB contribue à la répartition des charges mais fait surtout office de contreventement. La résistance mécanique au cisaillement a été testé en laboratoire. La recette "traditionnelle" au ciment offre à priori une résistance largement supérieure aux exigences des Eurocodes. Mais nous n'avons malheureusement pas connaissance de test sur d'autre recettes sans ciment. Car comme tu le dis, il y a moyen qu'un mortier à la chaux uniquement fasse largement l'affaire.
      Par sécurité nous préférons quand même suivre la recette décrite dans la règle professionnelle du GREB.
      Certains puristes refusent purement et simplement l'utilisation du ciment. Dans ce cas il est prudent, selon moi, de revoir la conception. Faire une ossature bois totalement porteuse et contreventée, pour que les murs n'aient qu'un rôle isolant. Et là on peut coffrer la paille avec des enduits terre ou terre-chaux sans craintes.

      A bientôt !
      Romain

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  6. Bonjour,
    J'aurais une petite question concernant l'assainissement :
    Je pensai que les toilettes sèches étaient interdites...
    La fosse toutes eaux correspondrait aux nouvelles exigences écologiques...
    Avez-vous fait une étude hydropédologique pour la SPANC ?

    Dans mon cas, la commune dispose d'étude de sol autorisant le rejet de ma fosse toutes eaux au fossé validé par le Conseil Régional de la région !

    Une construction de 3 ans me semble assez longue... Allez-vous travailler à plein temps sur votre chantier ?
    Où est-ce réparti dans le temps pour trouver le mode de financement personnel (sachant que c'est quasi impossible d'avoir un prêt)

    Avez-vous une assurance décennale (normalement quasi impossible en mode autoconstruction) ?

    Allez, veuillez m'excuser, j'ai trop de questions!
    J'attends la validation de mon Permis pour me lancer dans l'aventure (Hautes-Pyrénées)
    Bravo et Merci!

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    1. Bonjour,

      Les toilettes sèches sont autorisées depuis un arrêté datant de 2009. L'arrêté précise qq règles à respecter quant à l'aire de compostage et notamment l'étanchéité du bac recevant les toilettes sèches qui n'est par conséquent pas censé être en contact avec le sol.

      On n'a pas mis ni prévu de fosses toutes eaux. Pour le coup, la législation prévoit une obligation de résultat : si l'eau en sortie de la phyto respecte les normes et même s'il ne s'agit pas d'une installation réglementaire, rien ne peut nous être reproché. On fera passer qq'un du SPANC quand la maison sera terminée, il faut prévoir une bonne année avant que la phyto ne fonctionne de façon optimale. L'association qui a mis au point ce type de phyto nous a fourni les résultats des analyses sur plusieurs installations à différentes périodes de vie : au bout d'un an les résultats sont bien meilleurs
      que pour une fosse toutes eaux. Côté écologie, la réglementation est encore bien à la traîne.
      Tu pourras trouver ici : http://phytoepur.over-blog.com/pages/LA_REGLEMENTATION-5021944.html des précisons sur la réglementation.

      Eh oui, on a prévu 3 ans de construction parce qu'on n'y travaille que les week-ends et les vacances :-) On n'a pas eu de soucis pour le prêt, on a rencontré un courtier qui nous a tout de suite dirigés vers les banques qui ont l'habitude de l'auto-construction : le crédit agricole et le crédit mutuel.

      On n'a pas de décennale, ce n'était pas demandé par la banque (crédit mutuel finalement) dans le cas de l'auto-construction. Si nous avons bien compris, une assurance décennale sert à percevoir plus vite l'argent si l'on souhaite se retourner contre le constructeur lors de malfaçons, mais si les malfaçons c'est nous qui les avons faites :-\ ça ne nous avancera à rien...

      Voilà, j'espère avoir répondu à tes questions :-)
      Bon courage pour ta construction !

      Natalia

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    2. coucou les p'tits barboteurs
      nous venons de programmer le dernier week-end de mai pour vous filer un coup d'main pour installer une partie des 517 bottes de paille. Antoine est sous le charme, ébahi par votre projet, très curieux ......
      je vous confirme notre venue rapidement.
      Sommes heureux de vous rencontrer.
      A plus .....

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  7. Quel magnifique projet que de faire sa maison soi-même !
    Je relie chaque article du blog avec passion (qui soit dit en passant est assez bien expliqué).
    Cependant je n'ai pas trouvé quelle était la surface de la maison ?

    Félicitation et bon courage pour cette longue aventure.

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    1. Bonjour Tony et merci pour ces commentaires !
      Nous avons pris en compte la remarque sur la superficie et ajouté quelques chiffres dans la présentation.

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  8. c'est projet magnifique, qui demande beaucoup d’énergie et de travail.

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